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LA JEUNESSE DE NOVALIS

aussitôt après. Son frère Erasme l’avait surnommé « Fritz le papillon » et déclarait qu’il ne se chargerait pas d’écouter les doléances de toutes les belles que ce don Juan avait courtisées. Novalis était arrivé à Leipzig avec les plus sages résolutions de travail. « Il faut chercher à acquérir plus de fermeté, de décision, de logique, de constance et j’y arriverai le plus aisément par l’étude sérieuse du droit. Je me ferai une loi stricte d’observer un jeûne absolu en ce qui concerne les belles lettres et de m’abstenir de tout ce qui pourrait m’éloigner de mon but ». Or il lui fallait bien reconnaître qu’il n’avait pas trouvé l’énergie de s’imposer cette discipline ferme, que, tout comme à Iéna, il s’était laissé distraire, et qu’au lieu de suivre des cours il avait composé des vers, causé philosophie ou simplement fait la fête avec son ami Schlegel. Et il constatait cette faillite avec de sincères remords, maudissant les « divagations désordonnées de son imagination », se reprochant « ses heures d’irréflexion », et ses « errements », déplorant cet « égoïsme » qui se développe si aisément chez des natures comme la sienne et dont il espère se défaire à la suite d’un rigoureux examen de conscience.

Ne nous dissimulons pas, d’ailleurs, que si ce vagabondage sentimental, philosophique et littérairé n’entrait pas dans le programme que s’était trace Hardenberg et si, surtout, il devait apparaître à son