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Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/23

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LA JEUNESSE DE NOVALIS

magnifique quand il parle avec chaleur — avec quelle chaleur indescriptible ! — d’une belle chose ; il parle trois fois plus et trois fois plus vite que le commun des mortels. Il a l’intelligence la plus vive et la plus ouverte. Jamais le joyeuse fraîcheur de la jeunesse ne m’est apparue si éclatante. Il y a en lui une pudeur de sentiments qui vient de l’âme, non de l’inexpérience. Il est très gai et malléable et prend pour l’instant toutes les empreintes qu’on lui communique. »

Le défaut que, en toute simplicité, il constate chez lui et que ses camarades relèvent également, c’est une certaine mobilité d’impressions, une instabilité qui l’entraîne à toute sorte de désordres, dont il souffre et dont il ne parvient pas à se corriger. Schlegel observe chez son ami « une mobilité sans frein qu’une femme même perdrait sa peine à vouloir fixer » ; il le trouve « brusque jusqu’à la sauvagerie, animé d’une joie toujours remuante et inquiète » ; il lui déclare sans ménagements. « Je vous trouve tantôt adorable, tantôt méprisable », ou encore, « Vous voyez le monde en double : une fois comme un bon jeune homme de quinze ans et ensuite comme un mauvais sujet de trente. » Et de fait : il y avait dans sa vie un décousu dont il se rendait compte lui-même et qu’il ne pouvait approuver. Il était capricieux dans sa vie sentimentale, flambait comme un feu de paille et s’éteignait tout