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CONCLUSION

songe-creux dont les inconsistantes fantaisies ne méritent pas d’être prises au sérieux. Et ils ne manquent pas, eux non plus, d’arguments spécieux à faire valoir. Il est trop évident que cet imaginatif n’a pas sû établir une distinction suffisamment nette entre le rêve et la réalité, que, dans la vie comme dans la spéculation philosophique, il a été victime des mirages les plus étonnants, qu’il s’est exagéré de façon déconcertante le pouvoir effectif de la volonté, de la foi, de l’amour, que son idéalisme magique n’est, dès qu’on le prend au sens littéral, qu’un défi puéril au sens commun comme à la nature humaine, et qu’il serait, au total, singulièrement périlleux, dans la pratique, de prendre pour argent comptant ses prophéties sur la puissance magique de l’homme et d’attendre des progrès du génie poétique la restauration de l’âge d’or et le règne de l’amour sur terre et dans l’univers. Bien que Novalis, renchérissant encore sur son maître Fichte, ait proclamé l’omnipotence de la volonté, on n’aura guère l’idée de le saluer comme un « professeur d’énergie ». Déjà Carlyle, qui honorait en lui un apôtre de renoncement et admirait sa puissante lucidité dans la méditation abstraite, lui reprochait son excessive mollesse, la passivité quelque peu féminine de sa nature destituée de toute décision et de toute robustesse. M. Maeterlinck, de même, le tient pour un mystique