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CONCLUSION

presque inconscient et doucement extravagant, pour « un Pascal un peu somnambule » qui vit « dans le domaine des intuitions erratiques », qui « sourit aux choses avec une indifférence très douce et regarde le monde avec la curiosité inattentive d’un ange inoccupé et distrait par de longs souvenirs. » Pour cette raison même il déplaisait fort à un national libéral doctrinaire comme Gervinus, qui ne voyait dans le romantisme qu’une dangereuse aberration et en Novalis qu’un rhapsode habile doublé d’un mystificateur. Et aujourd’hui encore il est quelque peu suspect à un champion de l’impérialisme allemand contemporain comme M. Bartels. Si ce dernier ne condamne plus en bloc le romantisme mais vante le romantisme « réaliste » et sain qui plonge dans les réalités sociales et ethnographiques de la vie nationale, il réprouve énergiquement, en revanche, le « faux » romantisme issu de l’idéalisme métaphysique et de l’individualisme génial, « ce produit excentrique d’une culture artificielle et excessive ». Et il voit avec un médiocre plaisir la jeunesse allemande d’aujourd’hui se laisser séduire par ce qu’il y a en Novalis de malsain, par ses tendances occutistes et sa luxure mystique. Novalis ne doit évidemment inspirer qu’une sympathie très mitigée aux esprits positifs orientés vers l’action utile.

Il risque fort, aussi, de rencontrer une hostilité