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CONCLUSION

eu le temps d’accomplir rien de grand, laissant seulement derrière lui la matière de trois petits volumes d’écrits, presque tous inédits, aphorismes détachés, fragments d’œuvres inachevées, ou matériaux épars de travaux futurs. Et, chose étrange, il ne donne pas l’impression d’être mort trop tôt. Il semble qu’il ait, en somme, accompli ou peu s’en faut la tâche pour laquelle il était fait. Gœthe avait-il donc raison lorsqu’il disait : « Le classicisme est ce qui est sain, le romantisme ce qui est malsain » ? Est-ce un simple hasard que la plus belle figure du romantisme soit une de ces natures mystérieuses et énigmatiques qui se trouvent sur la terre comme en un séjour provisoire, presque comme en un lieu d’exil d’où ils tournent leur regard vers leur patrie mystique, vers ce royaume de la Nuit, que Richard Wagner a chanté en de si merveilleuses harmonies au dénouement de son Tristan, et dont Novalis a célébré avant lui, avec des accents qui nous émeuvent encore, la paix souveraine et la mystérieuse attirance.

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