Page:Lichtenberger - Novalis, 1912.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
LA JEUNESSE DE NOVALIS

avait reçue de la personnalité de Hardenberg que par l’examen réfléchi de ses poésies mêmes. Ces premiers essais, qui figurent aujourd’hui tout au long dans les éditions critiques récemment parues, sont en effet d’une insignifiance presque constante. Ce sont des petites pièces sur le vin et l’amour, des gentillesses anacréontiques, d’aimables parodies de l’antique, des poésies de circonstances, où l’on retrouve l’influence de toutes les lectures du jeune homme, Klopstock et les poètes du Hainbund de Gœttingue, Wieland et les anacréontiques, Bürger surtout, pour qui Novalis témoigne d’une particulière prédilection. Ou bien c’est une esquisse de drame, Kunz de Stauffungen, qui n’est pas autre chose qu’une pâle et médiocre imitation de Gœtz de Berlichingen. À peine si, çà et là, dans quelques pièces d’inspiration religieuse (Contentement ou Plaintes d’un jeune homme) on entend quelques accents un peu plus personnels. Novalis n’est encore qu’un dilettante aimable et un peu prolixe. Le poète n’est pas né en lui : il ne se développera que lorsqu’il aura reçu le baptême de la souffrance.

Le séjour de Leipzig, cependant, aboutit pour Hardenberg, comme celui d’Iéna, à une crise intérieure et à des explications désagréables avec sa famille. Une brouille avec Schlegel, passagère d’ailleurs, mais qui sur le moment faillit amener un duel, l’état de trouble où le plonge sa passion vite