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LA JEUNESSE DE NOVALIS

son enthousiasme pour la carrière militaire s’éteint aussi vite qu’il s’était enflammé. Il s’aperçoit qu’il arrivera tout aussi aisément à se créer une situation indépendante en continuant ses études. Et dans ces conditions il se décide à changer encore une fois d’université : de Leipzig il émigre à Wittemberg.

III

Dans la petite cité saxonne, un peu assoupie, mais où flottaient les souvenirs d’un passé glorieux, Hardenberg trouve enfin une atmosphère favorable au recueillement et au travail. Il se met donc à l’ouvrage pour rattraper le temps perdu. Et cela de bon cœur. Il n’a point de regrets, semble-t-il, de l’existence bruyante et agitée qu’il menait à Leipzig. Pas un instant il ne songe à se faire homme de lettres, à devenir un professionnel de la plume. Il ne sera et ne veut être écrivain qu’à ses heures de loisir, pour satisfaire l’instinct de nature qui le porte vers la poésie et la philosophie. Il sent au contraire très vivement, la nécessité de choisir une carrière, quoiqu’il pût lui en coûter. Il s’y résout non pas seulement par déférence pour les conseils de son père, mais parce qu’il perçoit clairement tout le profit qu’il peut tirer, pour son perfectionnement intérieur, d’une activité pratique bien réglée. En dépit de « sa nature foncièrement anti-juridique, sans vocation