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LA JEUNESSE DE NOVALIS

ni instinct pour le droit », il se prépare donc en conscience au métier d’administrateur. Il termine avec ardeur l’étude de la législation saxonne fort négligée jusqu’alors. Arrivé à Wittemberg au printemps de 1793, il passe avec succès ses examens dès le mois de juin de l’année suivante et se sent heureux d’avoir derrière lui, à vingt-deux ans tout « le fatras d’école. »

Son rêve d’avenir se précise maintenant. Pour fixer la mobilité de sa nature d’imaginatif et donner de la consistance à son caractère, il avait songé un instant à embrasser l’état militaire. Il pressent maintenant que c’est dans l’accomplissement régulier des devoirs domestiques qu’il trouvera cette paix de l’âme tant cherchée. Il est convaincu, écrit-il à sa mère, que le goût pour le bonheur du foyer, qui est si vivace en lui, ne peut manquer d’avoir sur sa destinée l’action la plus bienfaisante. Il sent qu’il est fait pour la vie de famille, qu’elle lui convient « comme l’air de montagne ». Il servira de père à ses frères et sœurs au cas où son père viendrait à mourir. Il compte donc se marier de bonne heure et vante à son frère Erasme, les charmes de « l’état de philistin ». Il déclare même tout franchement qu’il veut faire un mariage riche, pour pouvoir d’autant mieux savourer toutes les magnificences de ce bel univers. Il est d’ailleurs certain que, en organisant ainsi sa vie, il n’est pas infidèle à ses aspira-