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LA JEUNESSE DE NOVALIS

l’excellent Just, est émerveillé de la facilité avec laquelle il se met au courant de ses occupations nouvelles et de la conscience avec laquelle il accomplit sa besogne. Il aborde, sans se laisser rebuter, les études techniques les plus arides. Le chimiste Wiegleb qui lui enseigne la technologie des salines, est stupéfait de la promptitude avec laquelle, en dix à douze jours, il s’assimile cette matière peu attrayante. Et il montre la même application à acquérir le maniement courant du style administratif, recommençant deux et trois fois le même travail pour lui donner une forme entièrement satisfaisante, couvrant des pages entières de synonymes ou de termes techniques, afin d’acquérir la souplesse et la précision dans l’expression qui conviennent au langage des affaires.

La vie semble ainsi s’ouvrir pour lui sous les auspices les plus favorables. En possession des dons les plus rares d’intelligence, d’imagination, de mémoire, de cœur, embrassant dans une chaude sympathie les hommes et la nature, sensible à toutes les beautés et toutes les harmonies de l’univers, apte à goûter les joies saines de l’existence, il semble promis aux plus heureuses destinées. Ce n’est pas un de ces génies superficiels et présomptueux qui se heurtent douloureusement aux bornes nécessaires de l’humanité. De bonne heure il a compris la nécessité de la discipline, de l’effort patient, du dévoue-