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LA JEUNESSE DE NOVALIS

tions de jadis. Peu de semaines après avoir passé ses examens, il écrit à Schlegel, le confident de ses ambitions littéraires de Leipzig : « J’attends tranquillement l’appel de la destinée, car ma vie est d’ores et déjà fixée. Je n’ai qu’un but, que je pourrai atteindre partout où s’ouvrira pour moi un champ d’activité. Mais je ne me suis pas, comme un vulgaire bourgeois, fixé des limites trop étroites. Si je conserve la santé, j’atteindrai le maximum de développement dont je suis capable… Sache que je suis et reste assurément digne de toi. Qui sait si malgré tout, nous ne suivrons pas la même voie — oublie un instant mes vingt-deux ans et laisse moi ce rêve — peut être comme Dion et Platon. »

Pas à pas il avance sur la voie qu’il s’est choisie. Il veut entrer, comme son père, dans les salines saxonnes. Et en attendant qu’il se trouve un poste vacant dans l’administration supérieure, en Saxe ou en Prusse, il va, au mois d’octobre 1794, faire un stage chez le bailli Just, à Tennstedt, pour s’initier à la pratique des affaires courantes. Et il s’acquitte avec entrain et succès des tâches assez modestes qu’on lui confie. Plus heureux et plus sage qu’un Wackenroder ou un Hœlderlin, il n’éprouve aucune difficulté à concilier la réalité et l’idéal, la prose de la vie avec ses aspirations supérieures. Ses goûts littéraires et spéculatifs ne l’empêchent pas d’être un fonctionnaire modèle. Son mentor,