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104 TANNHAUSER

et confuse aans le Hollandais malgré la simplicité du cadre extérieur, se développe, dans Tannhäuser, avec une merveilleuse ampleur, et cela en dépit de la complexité relative de l'action visible. Si nous examinons d'un peu plus près les procédés poétiques de Wagner, nous constatons tout d'abord quil a emprunté un certain nombre de motifs soit aux sources anciennes de la légende, soit aussi à des adaptations modernes. Il a d'abord, tout naturellement, fait revivre le Tannhäuser de la tradition populaire, le chrétien repentant, qui, au milieu des délices du Venusberg, regrette « le son familier des cloches », qui aspire à faire pénitence, qui se délivre de Vénus en invoquant la vierge Marie et qui enfin se rend à Rome pour obtenir du pape la rémission de ses péchés. — Mais il paraît aussi s'être souvenu de la belle romance de Heine dont le début racontait comment le chevalier Tannhâuser s'arracha des bras de Vénus, lassé de volupté, désireux de connaître de nouveau la souffrance humaine : « Vénus, ma belle dame, les vins exquis et les tendres baisers ont rassasié mon cœur ; j'ai soif de souffrances. « Nous avons trop plaisanté, trop ri ensemble, les larmes me font envie maintenant, et c'est d'épines et non de roses que je voudrais voir couronner ma tête (i). » Wagner reproduit ce trait, tout moderne d'inspiration, dans la première scène de son drame, où Tannhäuser dit à Vénus : « Ce n'est pas la volupté seulement que réclame mon cœur , après le plaisir je désire maintenant la souffrance. » — Mais c'est surtout dans le Tournoi des chanteurs d'Hoffmann que Wagner a trouvé une série de traits dont il paraît s'être inspiré. L'Ofterdingen d'Hoffmann est,

(1) Heine, Werke, XVI, 208.