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64 WAGNER A PARIS

redoublée au métier d'écrivain et d'arrangeur, non seule- ment pour vivre, mais encore pour gagner de quoi faire le voyage de Dresde. Enfin, le 7 avril 1842, il put se mettre en route pour rentrer dans la ville où s'était écoulée sa jeunesse. » Pour la première fois, dit-il dans son autobiographie, je vis le Rhin ; et les yeux baignés de larmes, je jurai, moi pauvre artiste, une éternelle fidélité à ma patrie allemande! » (1) Les amertumes de l'exil, le contact forcé avec ce génie français pour lequel il se sentait une « instinctive antipathie » (2), avaient ravivé en lui l'amour du sol natal, la tendresse pour le public allemand auprès duquel il espérait trouver la sympathie qui lui avait tant fait défaut à Paris. Il avait renoncé, sinon pour toujours, du moins pour longtemps, à son rêve de gloire cosmopolite, à ce désir ardent d'un succès parisien qui faisait battre son cœur lorsqu'il quittait Riga. Se créer un nom, une situation en Allemagne et travailler au relèvement de l'art allemand : c'était là désormais son ambition et son espoir.

(1) Ges. Schr. L 19. , (2) Ges. Schr. IV, 260.