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COMPOSITIONS NOUVELLES 63

Et pendant les moments de répit que lui laissait le métier de manœuvre littéraire et musical qu'il faisait au service de Schlesinger, Wagner se remit à composer sans espoir de succès immédiat, sans s'inquiéter de savoir où et quand ses œuvres pourraient être jouées. Pendant l'hiver de 1839 à 1840, il écrit sous l'impression que lui avait laissée l'audition de la symphonie avec chœurs au Conservatoire, une ouverture pour le Faust de Gœthe. Pendant l'année 1840 (15 février au 19 novembre), il achève la partition de Rienzi et l'envoie, aussitôt terminée, à Dresde, où, grâce aux relations qu'il avait conservées là-bas, il pouvait espérer qu'elle serait favorablement accueillie. En 1841 enfin, après sa dernière déconvenue avec Léon Pillet, il se retire à la campagne, à Meudon, où il compose en sept semaines son Vaisseau-fantôme, dont l'esquisse musicale fut achevée le 13 septembre et sur lequel nous reviendrons au chapitre suivant. Pendant qu'il travaillait au Vaisseau-fantôme, il reçut dans les premiers jours de juillet une nouvelle qui lui apparut comme une radieuse promesse de bonheur au milieu de la misère noire où il se débattait. Par une lettre datée du 29 juin1841, M. de Lüttichau, l'intendant du théâtre de Dresde, lui annonçait que Rienzi était accepté et serait joué le plus tôt possible. Il pouvait donc espérer une revanche, sur l'un des meilleurs théâtres allemands, de ses humiliations et de ses déboires à Paris. Aussi, bien que la saison de 1841-42 se passât sans que la direction de Dresde se décidât à monter son œuvre, le courage et l'entrain lui revinrent. Pendant les derniers mois de son séjour à Paris, il dut se livrer avec une ardeur

Schr. I, 194 ss. où Wagner analyse avec beaucoup de finesse les ressources différentes dont dispose le dramaturge et le musicien.