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68 WAGNER A DRESDE

sacré, l'enthousiasme communicatif nécessaires pour sti- muler et vivifier le personnel d'un théâtre d'opéra et obte- nir de lui quelque chose qui dépassât une honorable médiocrité. Wagner estimait qu'à Dresde on avait fini par s'engourdir dans une sorte de torpeur qui rendait impossible toute représentation vraiment artistique. Une réforme radicale s'imposait donc. Il fallait rétablir une stricte dis- cipline parmi les musiciens de l'orchestre, remettre au point les œuvres dont l'interprétation avait été altérée par nonchalance et par oubli des bonnes traditions ; donner plus de soin aux œuvres nouvelles que l'on mettait en scène ; refaire l'éducation des chanteurs endormis dans la routine d'opéra et les habituer à la déclamation lyrique ; ranimer dans le public le goût du beau en lui présentant les chefs-d'œuvre classiques de la musique dramatique et instrumentale exécutés dans le style voulu et avec une entière perfection ; continuer enfin l'œuvre artistique et patriotique de Weber en déclarant la guerre à l'influence démoralisante de l'opéra italien ou français et en créant un drame lyrique véritablement national. Wagner aborda avec confiance et résolution cette tâche qu'il savait hérissée de difficultés mais qu'il ne jugeait pas irréalisable. Il comptait sur sa ténacité et son énergie pour franchir tous les obstacles. De plus, il se sentait encouragé par- le succès éclatant qu'avait remporté Rienzi à Dresde. II espérait que le public qui l'avait si bien accueilli à ses débuts ne ferait pas de difficultés pour le suivre dans la voie nouvelle par où il voulait le mener et dont nous allons étudier les trois premières étapes : le Vaisseau-fantôme, Tannhäuser et Lohengrin.