Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/15

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la vie civile comme à la vie intime, et le trouble général dont elle est la cause y conduira dans des temps peu éloignés à une rénovation complète. Quand deux sociétés hétérogènes viennent à se heurter, c’est la moins civilisée qui doit souffrir le plus de ce rapprochement imprévu.

Les guerres civiles et les guerres étrangères qui ont dévasté l’empire du Milieu depuis la signature du traité de Nankin ne sont que la conséquence de l’admission des étrangers en Chine ; de même que les troubles qui agitent en ce moment le Japon sont une sorte de crise douloureuse où s’enfantera le progrès. La civilisation est une force irrésistible qui agit sans pitié ni merci ; elle s’impose violemment, et on sait combien de pages écrites en lettres de sang et de feu il faut compter dans son histoire.

Les événements relatifs à l’histoire contemporaine de la Chine, et qui sont étroitement liés au développement de ses progrès, ont été soumis plus d’une fois à un examen sérieux ; mais tout reste encore à dire sur l’effet immense qu’a produit au Japon l’intrusion de l’élément européen. Ce pays, presque aussi étendu et aussi peuplé que la France, est le dernier qui, en Orient, ait été ouvert au commerce étranger ; il sort d’un isolement à peu près absolu, et présente à l’observateur un spectacle souvent incompréhensible. Aussi l’étranger qui veut faire une étude sérieuse de la situation ac-