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Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/24

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placé avec précision. La prononciation est coulante, et on peut, avec une mémoire fort ordinaire, apprendre en quelques semaines un nombre de mots suffisant pour se mettre en rapport avec les indigènes sans le secours d’un interprète. Tous les étrangers qui résident depuis quelque temps au Japon se servent de la langue du pays et quelques-uns la parlent même couramment. Quant à la langue des lettrés et des relations politiques, il faut, avant d’arriver à l’écrire, et à la manier correctement, se livrer à d’arides études philologiques que jusqu’à présent, dans le pays même, les missionnaires seuls ont eu le courage d’entreprendre.

Vers dix heures du soir, notre barque s’engagea dans l’étroit canal qui sépare les îlots d’Ivosima, situés à l’entrée de la baie de Nagasacki. Bientôt elle côtoya l’île de Papenberg, rendue fameuse par un massacre de chrétiens qui s’y fit vers la fin du seizième siècle, et à onze heures enfin je touchai le sol japonais. J’avais mis pied à terre sur le quai d’Oora, le quartier étranger de Nagasacki. Bien que la nuit fût déjà avancée, j’eus la bonne fortune de trouver encore réunis les amis qui m’avaient si cordialement accueilli lors de ma première visite. Ils étaient assis sous la verandah (galerie ouverte), fumant et causant comme autrefois. « Nous comptions sur vous, me dit mon aimable hôte. Qui a vu le Japon une fois aspire à y revenir ; mais nous ne