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Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/23

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des centaines de lanternes servant à éclairer la marche d’embarcations semblables à la mienne. La plupart étaient occupées à la pêche aux flambeaux, fort commune dans ces parages, et, sur une vaste étendue, la mer était illuminée comme pour une fête. En se croisant, les matelots échangeaient entre eux certains propos à haute voix. Au mot todjin (étranger), qui résonna plusieurs fois à mes oreilles, je compris qu’il était question de moi et du but de mon voyage. Quand on est seul, à trois mille lieues de la patrie, on est souvent porté à voir des dangers où en vérité il n’en existe point. J’étais sur mes gardes ; mais, remarquant qu’aucune parole irritée ne se mêlait au colloque des marins, je me rassurai vite sur leurs intentions.

Il n’est pas inutile de faire remarquer, au début de ces récits, que le japonais, dont l’étude approfondie est, pour le savant, hérissée de difficultés, présente au voyageur un ensemble de locutions faciles qui lui permet, en assez peu de temps, de s’entretenir des choses usuelles. Le son de la langue japonaise rappelle celui de la langue italienne[1]. Les voyelles y abondent et soutiennent, dans un concours harmonieux, un accent toujours

  1. Voici quelques mots japonais à l’appui de cette assertion : omedétto, je félicite ; allingáto, je remercie ; tadaïma, bientôt ; mádé, pas encore ; seianára, au revoir ; konitchi, aujourd’hui ; mionitchi, demain ; watáksi, moi ; ánata, vous ; ómoï, toi, etc.