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Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/27

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gne d’observation ; mais la plupart des étrangers qui débarquent à Nagasacki sont des voyageurs émérites, qui depuis des années, ou au moins depuis leur départ d’Europe, ont pris une telle habitude de voir changer sans cesse devant eux les hommes et les choses, qu’ils sont devenus presque insensibles à l’attrait de la nouveauté et enclins à confondre ce qui est original et caractéristique avec ce qui est commun et banal. L’homme s’accommode rapidement aux circonstances les plus diverses, et c’est avec une aisance vraiment merveilleuse qu’il se façonne au milieu où il est forcé de vivre : le désert ou l’océan, la montagne ou la plaine, la diversité ou l’uniformité, tout lui devient bientôt familier. L’étranger qui débarque au Japon se trouve le plus souvent dans la disposition d’esprit d’un homme qui, assis devant une lanterne magique, aurait vu, pendant une longue soirée, passer devant ses yeux mille formes bizarres : s’il ne se lasse pas à la fin de cette continuelle métamorphose, s’il ne déserte pas le spectacle, il est au moins accoutumé aux surprises, sa curiosité s’émousse, et les figures les plus singulières n’ont plus le pouvoir d’exciter en lui une vive émotion.

Cependant je n’ai pas connu d’Européen qui ait débarqué à Nagasacki sans avoir été frappé de l’admirable situation de la ville et de la beauté ravissante du panorama. Le port est étroit : il mesure