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Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/31

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ternes blanches en signe de deuil et on y brûle de l’encens.

Au nord de Nagasacki s’ouvre une large vallée arrosée par un ruisseau qui se déverse dans la baie et habitée par une tranquille et nombreuse population d’agriculteurs. Bien souvent je me suis livré seul à de longues excursions à travers cette partie de la campagne, et jamais je n’oublierai le bienveillant accueil des paysans aussitôt que l’envie me prenait de les aborder. Si je m’arrêtais au seuil d’une ferme pour demander du feu, à l’instant filles et garçons s’empressaient de m’apporter le brasero. À peine étais-je entré, que le père m’invitait à m’asseoir, et que la mère, en me saluant d’un air modeste, me servait du thé. La famille entière se réunissait autour de moi, et m’examinait avec une curiosité enfantine dont je n’avais garde de m’offusquer. Les plus hardis touchaient à l’étoffe de mes habits, une petite fille se hasardait à me prendre les cheveux, et s’enfuyait rieuse et confuse à la fois. Avec quelques boutons de métal, je rendais les enfants parfaitement heureux. « Grand merci, » répétaient-ils tous ensemble, et, se mettant à genoux, ils inclinaient leurs jolies têtes et me souriaient avec une grâce que j’étais tout surpris de rencontrer dans cette classe infime de la société. Lorsque je m’éloignais, on m’accompagnait jusqu’au bord de la route, et j’étais presque hors de vue que j’en-