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Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/32

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tendais encore le bruit de ces voix amies qui me criaient : « Seianara maté mionitchi (au revoir jusqu’à demain) ! » Je parle de l’année 1859 et de l’année 1861 ; je n’ose affirmer que le même accueil empressé soit encore réservé aux étrangers qui se promènent dans les campagnes japonaises. Depuis ce temps, nos relations avec les indigènes ont passé par de pénibles épreuves, et aujourd’hui nous nous tenons vis-à-vis d’eux dans une attitude menaçante, sinon ouvertement hostile. Le peuple japonais a été peu à peu amené par ses chefs à voir dans les étrangers des hommes dangereux, et s’il les accueille encore avec politesse, on s’aperçoit qu’il cède le plus souvent à un sentiment de crainte.

À l’ouest de la baie, en face de Nagasacki, se trouve l’établissement russe, situé près du village indigène d’Inassa. Les Russes ont pris au Japon l’habitude de s’isoler des autres étrangers. Tandis que les commerçants et fonctionnaires français, anglais, américains et hollandais, demeurent sans exception sur la plage orientale de la baie, aux portes de Nagasacki et au centre des affaires, les Russes se sont retirés à Inassa, petit village peuplé de moines, de pêcheurs et d’agriculteurs. Il est évident que les intérêts qu’ils poursuivent dans l’extrême Orient sont tout autres que les intérêts anglais et français. Ce n’est point le commerce qui les occupe ; ils n’ont pas de représentant à Yoko-