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Page:Lindau - Un voyage autour du Japon.djvu/34

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et des mécaniciens qu’il a fait venir de Hollande, il a fondé à Akonoura une sorte d’école pratique de construction navale. D’excellents élèves y ont été formés dans le cours de quelques années, et maintenant les Japonais sont en état de construire des bateaux à vapeur qui ne peuvent, à la vérité, être comparés aux chefs-d’œuvre des constructions navales d’Europe et d’Amérique, mais qui démontrent cependant chez eux une grande aptitude à s’assimiler ce qu’ils veulent imiter des étrangers. C’est là un trait caractéristique et qui établit entre les Japonais et les Chinois une ligne de démarcation profonde. De loin, Akonoura, avec ses grands bâtiments surmontés de hautes cheminées en brique rouge, ressemble parfaitement à quelqu’une de nos grandes usines industrielles, et, sauf la physionomie et le langage de ses ouvriers, on pourrait s’y croire transporté, d’un coup de baguette magique, sous le ciel du Lancashire. Les Japonais ont fait de louables efforts pour se rapprocher de l’Europe, ce foyer de science et de lumières, et leurs progrès, depuis l’époque récente où ils ont ouvert des relations avec l’Occident, ont excité à juste titre notre étonnement et nos éloges. Durant une longue suite de siècles, ils avaient vécu dans un isolement presque absolu, inconnus et indifférents au reste du monde, s’obstinant à ne rien voir ni apprendre de ce qui se passait au delà des limites de leur empire insulaire.