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Empire

parfait ouvrage de la Création, & ſon dernier & principal objet, portant en lui des indices étonnans de la Divinité, habite la ſurface de la terre ; il juge d’après l’impulſion des ſens du méchaniſme de la nature, il eſt capable d’en admirer la beauté, & doit au Créateur ſon juſte tribut d’adoration. En rétrogradant de génération en génération, il faut qu’il s’arrête à un premier Auteur ; en avançant de même dans l’ordre ſucceſſif des productions, il apperçoit la Nature qui en ſuit les loix ; il eſt invité à cette double contemplation par la beauté, l’arrangement, le lien, la cauſe finale, l’utilité des corps naturels. Ici la toute-puiſſance annoblit le minéral par l’exiſtence des végétaux, les végétaux par celle des animaux, & ceux-ci enfin par l’exiſtence de l’homme, pour qu’il réfléchiſſe vers la Majeſté ſuprême les rayons de ſageſſe qu’elle fait briller de toutes parts. Ainſi l’univers entier eſt rempli de la gloire divine, lorſqu’au moyen de l’homme toutes les œuvres créées rendent hommage au Dieu de l’univers. Tiré par ſa main vivifiante, d’un vil limon, l’homme a pour but de ſa création de contempler ſon Auteur ; c’eſt un hôte reconnoiſſant, logé ici-bas pour célébrer à jamais l’Être des Êtres.

Cette contemplation de la Nature eſt un commencement de la volupté céleſte, l’eſprit qui s’y livre ſe promène dans un ſéjour de lumiere & paſſe la vie comme dans un ciel terreſtre. C’eſt ſurtout alors que l’homme aperçoit, quel amour, quelles actions de grâces, il eſt redevable à la Divinité ; c’eſt pour cette fin qu’il exiſte, & l’étude de la Nature eſt un che-