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Les Brutes. Élephant.

d’un an[1] ; le jeune Élephant tette ſa mere au moyen de ſes levres. Ce grand animal dirigé par un conducteur aſſis ſur ſon cou, porte toutes ſortes de fardeaux, même des tours garnies de combattans. Il marche d’un pas aſſez vîte & nage avec beaucoup de dextérité. Les Indiens le dreſſent pour la guerre, les Romains autrefois l’armoient à cet effet de faux tranchantes ; depuis l’invention de la poudre il eſt moins propre aux uſages guerriers. Il meurt furieux, s’il eſt bleſſé, même légerement entre la tête & la premiere vertebre du cou.

C’est un très-grand quadrupède, il s’en trouve des individus qui peſent juſqu’à 4500 livres. Corps cendré, rarement rougeâtre ou blanc, preſque ſans poils. Trompe plane en deſſous, tronquée à ſon ſommet. Yeux petits. Dents canines ſupérieures allongées & recourbées en en-haut en forme de cornes, remarquables par leurs fibres crepues (l’ivoire) & dont il n’eſt pas rare que chacune peſe au moins cent cinquante livres. Oreilles très-amples, pendantes, dentées, act. ang. 277. p. 1051. Peau très-épaiſſe, calleuſe, pénétrable cependant aux balles, même de plomb, & ſenſible à la piquure des mouches. Deux mamelles près de la poitrine. Ongles ſitués au deſſus de l’extrêmité des cinq lobes des pieds. Genoux flexibles. Cou court.

Petri g. c. Elephantograph. Lips. 1723.

Deſc. Anat. Biblioth. Med. Dubl. 1681.

P. Gillii. nov. des. Eleph. ad. calc. Ælian. de. h. an. Lugd. 1565. 8. p. 497–525. (fr. ſerao) opuſc. di. fis. argum. Napol. 1766. 4. p. 1–62. t. 1.

On trouve très-souvent des oſſemens d’Élephans enfouis ſous terre dans les Zones tempérées & froides, même de l’Amérique. Pallas nov. Comm. acad. ſcient. petrop. v. 13. & 17. & Merk lettres 1–3 ſur les os foſſiles d’Élephans & de Rhinoceros qui ſe trouvent en Allemagne & à Darmſt. 1786. 4o. L’Élephant a les pieds couverts d’un cuir calleux, qu’on peut tirer en entier comme le ſabot d’un cheval, & par ce caractère il ne ſeroit pas improprement rangé dans l’ordre des grands quadrupedes, mais comme les pieds ſemblent munis d’on-

  1. Selon les voyageurs il paſſe pour conſtant que la femelle de l’Élephant porte deux ans, cependant le même M. Bles aſſure qu’il a été reconnu par les Hollandois de Ceylan que la durée de la geſtation n’eſt que de neuf mois.