Il habite les mers d’Afrique & d’Amérique, particuliérement à l’embouchure des fleuves, qu’il remonte très-ſouvent, s’éloignant peu du rivage. Sa longueur eſt de huit à dix pieds, la largeur de ſix à ſept pieds, ſon poids de cinq à huit cens livres. Peau d’un noir-cendré. Dents molaires au nombre de neuf de chaque côté des mâchoires, quarrées, couvertes d’une écorce verniſſée. Vertèbres au nombre de cinquante.
Sans poil ; pieds dépourvus de doigts & d’ongles.
Il habite le rivage occidental de l’Amérique, & des îles ſituées entre l’Amérique & le Kamtſchatka. Il remonte auſſi très-fréquemment l’embouchure des fleuves. Il a vingt-trois pieds de long & peſe huit mille livres. Sa peau eſt brune lorſqu’elle eſt fraîche ; deſſechée, elle eſt noire. Un os ridé de chaque côté des mâchoires au lieu de dents molaires. Vertèbres au nombre de ſoixante.
Les ſauvages de l’Amérique l’apprivoiſent ſouvent[1] ; il aime la muſique ; c’eſt le Dauphin des anciens. Il eſt très-vorace & mange ſans ceſſe. Le mâle, la femelle & leurs petits vivent en ſociété. Ils ſont monogames & s’accouplent au printems, la femelle fuyant d’abord le mâle en faiſant dans l’eau divers tournoyemens ; elle ſe renverſe ſur le dos pendant le coït. Lorſque l’animal paît l’herbe des bas fonds & qu’ainſi la partie ſupérieure de ſon corps paroit à découvert, les oiſeaux s’y abattent pour y chercher de la vermine. Il mugit comme le bœuf. Sa vue eſt foible, mais il a l’ouie d’autant plus aiguë. Pieds antérieurs palmés preſque comme
- ↑ Gomara hiſt. gen. cap. 31. raconte qu’on en avoit élevé & nourri un jeune dans un lac à Saint Domingue pendant vingt ſix ans, qu’il étoit ſi doux & ſi privé qu’il prenoit doucement la nourriture qu’on lui préſentoit, qu’il entendoit ſon nom, & que quand on l’appelloit, il ſortoit de l’eau & ſe trainoit en rampant juſqu’à la maiſon pour y recevoir ſa nourriture ; qu’il ſembloit ſe plaire à entendre la voix humaine, & le chant des enfans, qu’il n’en avoit nulle peur, qu’il les laiſſoit aſſeoir ſur ſon dos & qu’il les paſſoit d’un bord du lac à l’autre ſans ſe plonger dans l’eau & ſans leur faire aucun mal. Ce fait, ajoute M. de Buffon, ne peut être vrai dans toutes ſes circonſtances, car le Lamantin ne peut abſolument ſe traîner ſur la terre.