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— IX —
III

Si l’on peut avec une certaine exactitude augurer de l’avenir d’un jeune homme par son début dans le monde, on peut, avec non moins d’exactitude, juger de la tendance d’un gouvernement nouveau, par ses premiers actes,

La révolution qui vient de s’accomplir en Haïti ne diffère en rien de tous les coups de main dont nous avons été témoins depuis 1843. Plus on change et plus c’est la même chose. En voyant les articles louangeurs des journaux ressuscités, les discours, les professions de foi, etc., nous avons reconnu et salué nos vieilles connaissances : "Une ère nouvelle s’ouvre, etc." — Hélas ! il y a bien trente-trois ans que cette ère s’ouvre pour se refermer tout aussitôt. — Beaucoup de réformes en promesses, que sais-je, enfin ? "Prenez patience," nous crie-t-on ; mais c’est ce que nous disaient aussi tous les pouvoirs précédents. Que sont-ils devenus ? Demandez plutôt ce que sont devenues les neiges d’antan.

Le gouvernement provisoire était composé exclusivement de jeunes intelligences impatientes de faire briller l’esprit nouveau qui les animait. Aucun mélange d’éléments surannés ne contrariait leurs aspirations. Nous sommes donc parfaitement placés pour juger de ce qu’il a fait durant son passage au pouvoir. Il y a mis