Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/12

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du zèle, nous aimons à le constater ; du zèle intelligent, nous n’oserions l’affirmer. Mais tout cela ne suffit pas dans la haute gestion des affaires publiques, si l’on n’y est arrivé avec ces qualités acquises dont parle M, Guizot.

Domingue avait à peine quitté le sol natal, que l'on a vu les hommes politiques à qui une branche importante de l’administration du pays avait été momentanément confiée, s’empresser de mettre en question la légalité de l’emprunt contracté en France par le gouvernement qui venait d’être renversé ; c’était méconnaître un contrat revêtu de toutes les formes solennelles exigées par les lois et la constitution du pays ; c’était en un mot traiter Haïti absolument comme le bon P. Lorriquet avait traité l'Histoire de France.

Que le pays n’ait pas bénéficié de l’emprunt, que Septimus Rameau s’en soit approprié la totalité ou la plus grosse part, c’est criminel, sans doute ; mais en quoi tout cela peut-il nuire à la régularité du contrat ? en quoi son extranéité a-t-elle favorisé cette dilapidation ? Un pareil emprunt fait — si c’était possible — dans le pays, aurait-il plus échappé à la rapacité du vice-président du conseil ? Qu’on se fût borné à déclarer qu’on voulait désormais administrer le pays, de telle sorte qu’il n’eût plus besoin d’emprunter ni à l’extérieur ni à l’intérieur, c’eût été beau, c’eût été, en tout cas, l’expression d’un noble sentiment patriotique ; mais renvoyer aux Chambres qui allaient se réunir, la solution de la question de l’emprunt, n’était-ce pas déclarer d’avance