Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/28

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publique d’Haïti se remette à flot ; c’est le seul Etat du nouveau monde qui, malgré ses perturbations politiques, s’acquitte encore de ses engagements, et dont la dette publique soit relativement insignifiante.

Aussi ne comprend-on pas, en France, l’opportunité de ce cri de détresse plus qu’imprudent, jeté officiellement par le gouvernement provisoire, dans le Moniteur haïtien du 13 mai. On trouve que n’ayant pour mission, comme l’implique son titre, que de maintenir Tordre public, pourvoir aux besoins les plus urgents de tous les services, jusqu’à l’avènement du pouvoir définitif, ce gouvernement s’est trop hâté de vouer aux dieux infernaux une comptabilité sur laquelle il n’a pu avoir le temps de jeter le moindre coup d’œil, de sonner le tocsin, dont l’écho répercuté partout est de nature à compromettre très-gravement le crédit du pays.

Mais moi qui n’ai pas à pénétrer dans les profondeurs des arcanes d’aucun gouvernement provisoire ou définitif, qui n’ai à sonder les intentions de personne, je reprends le sujet dont je m’étais écarté un instant, et j’affirme que les ressources du pays, loin de justifier les frayeurs vraies ou simulées consignées dans la Gazette, offrent au contraire des consolations et des espérances qui peuvent être aisément réalisées. Mais il ne suffit pas de posséder des ressources, encore faut-il les faire valoir, les administrer sagement. Il faut donc prendre le contre-pied de ce qui a été jusqu’ici pratiqué en Haïti : rendre moins accessible aux avides convoitises le maniement des deniers publics ; ne pas tant crier : au voleur ! comme à une foire, afin de ne pas passer soi-même pour larron j ne pas laisser échapper les vrais prévaricateurs que Ton a eus sous la main, pour se donner en-