Page:Linstant de Pradine - Nos fils, ou de la Néotocratie en Haïti.djvu/29

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suite le plaisir de lancer sa prose contre d’imaginaires coupables ; invoquer un peu moins de théories creuses et se montrer plus hommes pratiques ; ne pas faire de la guerre civile une industrie, ne pas dissiper dans des attaques et des accusations réciproques, un temps qui pourrait être plus utilement employé à réformer certaines institutions surannées, afin d’en faire désormais des barrières sérieuses aux dilapidations et aux concussions ; respecter la liberté de chacun afin que tous puissent se livrer avec sécurité à un travail honnête ; ne pas se contenter de reléguer au bas des proclamations et des manifestes révolutionnaires les mots si doux d’union, de concorde, de fraternité, tout en se faisant un échange fraternel de coups de fusil, de baïonnette et de revolver, et en s’envoyant les plus gratuites et les plus atroces accusations ; enfin, parler moins d’économies et en faire réellement.

Le passé est le passé ; il a fait son temps. On tient le présent, qu’on l’améliore. Ce n’est pas en s’arrètant à chaque pas pour regarder en arrière, que Ton fait du chemin. Si donc on na pas la ibrGe de vouloir et le courage d’opérer les réformes indiquées ; si l’avenir du pays n’entre pour rien dans les préoccupations du présent, alors qu’on en finisse une bonne fois avec les déchéances de pouvoirs, dont on se donne si souvent le dangereux passe-temps, et qu’on proclame la déchéance de la race.

On me répondra, je le sais, que sous le gouvernement Domingue, toute critique de l’emprunt de 3 millions de piastres pouvait avoir pour conséquence la mort, ou tout au moins la confiscation de la liberté de l’audacieux qui se la serait permise.

Une telle réponse ne saurait être prise au sérieux.