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chef de division des relations extérieures d’Haïti ne s’était-il pas imaginé qu’un chef de légation avait pu négocier, sur la place de Paris, des traites que lui avaient adressées son gouvernement, endossées à l’ordre du ministre des finances de France V Tant il est vrai qu’il n’y a pas de grosses sottises qui ne trouvent des imitateurs !
Vous sentez, Messieurs, de quelle prudence doit
s’armer tout homme revêtu du pouvoir pour ne pas s’exposer
à accuser légèrement un citoyen qui a joui jusque-là
de la réputation d’honnête homme, et qui s’efforce
de la justifier ; pour ne pas céder trop facilement aux
incitations de gens, peut-être’ aigris par l’infortune, et
qui, n’ayant jamais su gérer leurs propres biens, ne conçoivent
pas que d’autres aient pu conserver les leurs et
en acquérir de nouveaux sans le secours de moyens
frauduleux et d’emprunts onéreux.
Je n’ignore pas que depuis la Révolution, certains, pour distraire l’attention publique de quelques méfaits à eux imputés et qui ont eu plus de retentissement qu’il n’était nécessaire à leur honneur, publient et expédient par chaque packet des diatribes contre ceux qui, selon eux, ont détourné à leur profit les fonds de l’emprunt.
Est-ce par patriotisme qu’agissent ainsi ces insulteurs sans vergogne ? Il m’est permis d’en douter. Ce patriotisme est depuis longtemps jaugé. Et si dans tout le cours des négociations qui ont précédé l’émission de l’emprunt, ma maison a été soumise à un blocus effectif de la part d’Haïtiens,, les uns renégats, les autres amateurs ou provocateurs de scandales, d’autres enfin ayant eu maille à partir avec la justice qu’ils redoutaient