Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme la guerre elle-même ; aucune littérature, ni fiction, ni éloquence, ni lyrisme, mais un perpétuel accent de vérité, une simplicité grandiose, une sûreté de style qui forcent l’admiration. Par la justesse et la subtilité des visions, paysages ou personnages, par la fermeté du dessin, par le réalisme de la couleur, le peintre s’affirme ; par le rythme de la phrase, le musicien se révèle : c’est là un artiste complet. Il pense, il sent, il sait traduire. Son œuvre porte en elle les trois éléments de vie : la pensée, le cœur et la forme. Paul Lintier est un maître.

Il l’a été dès son début. Pour bien comprendre ce cas vraiment prodigieux, il nous faudra regarder en arrière[1]. Ordinairement, la

  1. Né à Mayenne, le 13 mai 1893 ; destiné tout d’abord à une carrière commerciale, pour laquelle il ne se sentait aucun goût, il fait à Lyon ses études de droit ; en même temps, il y fonde le Lyon Étudiant, revue littéraire qui imprime ses premiers essais, il collabore à diverses publications lyonnaises, et donne trois petits ouvrages : Un propriétaire, — Un croquant, — Adrien Bas. En 1913, il s’engage au 44e régiment d’artillerie. Blessé le 22 septembre 1914, évacué, il retourne au front en