Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/18

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littérature des adolescents est subjective : presque toujours, un jeune poète se constate lui-même, alors qu’il imagine constater l’univers. Or, c’est en cette saison d’effervescence interne que Paul Lintier, au sortir du lycée, publie une étude critique sur le peintre Adrien Bas ; et là, dès la première ligne, nous relevons cette phrase qui va constituer un dogme : « Poursuivre la technique de son art jusqu’à la virtuosité et savoir craindre cette virtuosité même… » Un peu plus loin, l’auteur ajoute avec tranquillité : « L’art est objectif. » Il nous déclare cela froidement, sans esprit de polémique ; il pose un précepte, qui ne lui paraît pas contestable ; il profère un acte de foi : nous sentons que cet axiome d’art est pour lui un axiome de morale, qui a pour base le culte de la vérité. La question de prononcer si l’art sera objectif ou subjectif se confond, à ses yeux, avec la question

    juillet 1915, et tombe le 15 mars 1916, à Jeandelincourt, sur la frontière de Lorraine.