Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/19

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plus haute de décider si l’homme doit ou non faire abstraction de lui en face de la vérité, s’il doit s’incliner devant elle ou s’il peut la remanier à sa guise. Il n’hésite point : la vérité, c’est Dieu ; il n’est pas libre devant Dieu ; il ne le sera que vis-à-vis des hommes, contre la pression desquels il se défendra avec une indépendance jalouse ; il a l’enthousiasme de la franchise ; il élèvera sa probité jusqu’à la religion. De cet évangile d’art il se fait apôtre, et il apporte à son apostolat l’ardeur d’un néophyte.

Au reste, il est servi par un instrument merveilleux : son œil est clair, aigu, rapide ; il reçoit des instantanés d’une transparence admirable, et qui se fixent. Avec la même lucidité, il aperçoit les mobiles au fond des êtres ; il les aperçoit même en lui, car il s’examine aussi bien qu’il observe les autres, et il dénonce ce qu’il a constaté, à la manière d’un témoin qui dépose en justice, sans aigreur ni colère, sans ironie, sans cruauté, mais aussi sans pudeurs