Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/40

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vêtus, toute une foule bigarrée coule à plein l’avenue. En groupes, des réservistes arrivent. Presque tous sont calmes, quelques-uns sont gais ; il y en a qui sont ivres, et d’autres qui semblent l’être. Je n’en ai vu qu’un pleurer. Il était assis sur une balle de paille et fixait une courroie fauve toute neuve à son étui à revolver. Des larmes tombaient sur ses doigts malhabiles. Je lui ai mis la main sur l’épaule. Il s’est retourné et il a hoché la tête.

— Quelle misère ! Ma femme est morte la semaine dernière en accouchant. Une gosse de huit jours et personne pour soigner ça !

— Alors ?

— Alors, il a bien fallu que je la mette à l’assistance.


C’est à l’arrivée des lettres que les visages expriment le plus de tristesse.


Le cantonnement est consigné, mais on permet aux sous-officiers de conduire les hommes en groupes à l’abreuvoir, au café d’en face.


Mardi 4 août.


Hier soir, à neuf heures, — appel purement théorique, — le lieutenant a ouvert la porte de notre bicoque :