Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/44

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veille et ce qui doit étonner l’ennemi, c’est l’ardente résistance des Belges. Les Allemands viennent d’échouer dans une attaque en masse contre Liège. Si l’armée belge à elle seule a su les maîtriser, quels espoirs ne nous sont pas permis ?

L’Angleterre marche avec nous. On en est sûr à cette heure. Français, Anglais, Russes, Belges et Serbes unis, nous verrons vite la fin de cette puissance militaire qu’on disait formidable. Ces nouvelles, officielles cette fois, nous rendent plus impatients de quitter Le Mans, de quitter ce cantonnement où l’on s’ennuie.

Sur la ligne de Paris à Brest, des convois d’infanterie, de cavalerie, du train des équipages roulent presque sans répit. Ils passent lentement avec un grand bruit de ferraille sur le viaduc qui enjambe l’avenue de Pontlieue, et que, héroïques, des territoriaux ventrus, armés de fusils Gras et vêtus de sales treillis, gardent, baïonnette au canon. Des femmes, une foule de femmes avec des enfants sur les bras ou accrochés à leurs jupes, attendent là, sous le grand soleil. Elles restent debout, des heures entières, à contempler le défilé des wagons militaires fleuris de feuillages et illustrés de dessins naïfs à la craie. Il y a des grappes de soldats sur les marchepieds, dans les cabines des serre-freins et des chefs de train. Sur l’avenue, des fourragères, des attelages de réquisition qu’on