Page:Lintier - Ma pièce, 1917.djvu/69

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— On part, nous dit Bréjard, qui a entendu les ordres.

— Les Allemands ne sont pas là ?

— Je ne sais pas. L’officier a dit au commandant que le quatrième groupe était désormais attaché à la 7e division.

— Alors ?

— Alors, le quatrième groupe s’en va.

— Où va-t-on ?

— À Azannes, sans doute, pour cantonner.

Par le même chemin, le cœur un peu serré de n’avoir rien fait, nous nous en retournons vers le soleil couchant, tout rouge dans une auréole de poussière.

Dans le fossé, le cheval gourmeux s’est couché. Il respire encore et, parfois, d’un coup de tête, chasse les guêpes collées en mouchetures jaunes autour de ses yeux et sur ses naseaux.

À Azannes, où nous cantonnons, les chevaux, attachés sous des pruniers en quinconce, las de la marche, de la poussière et de la chaleur, me laissent rêver pendant mes quatre heures de faction.

La nuit est claire, rayée par les feux des projecteurs de Verdun qui font des barres d’or dans le ciel ; merveilleuse nuit de mi-août, infiniment constellée, égayée d’étoiles filantes qui laissent après elles de longues phosphorescences.