autre dans Turcaret, où sont plaisamment définis les demandeurs d’un bureau de placement ; et celle encore où Mme Jacob énumère et caractérise à loisir les clients de son agence matrimoniale ; et enfin celle où Mme Turcaret nous peint Valogne et ses délices, et ses us et coutumes, avec des traits qui font pendant aux meilleures pages des Grands Jours d’Auvergne. Quant au Gil Blas, que de défilés analogues, et peu ou prou motivés, dans le bureau de placement du seigneur Arias, par exemple, ou dans les antichambres où Gil Blas trouve, juste à point, des nomenclateurs comme André Molina ou Melchior de la Ronda qui, à Tannonce de chaque visiteur, lui « dépeignent agréablement les originaux ».
Mais si la critique est en droit de reprocher à Lesage d’avoir trop souvent sacrifié le cadre au tableau, quel lecteur songe à s’en plaindre en considérant la vie et l’ampleur de ses peintures ? Quel souci minutieux et tout nouveau du détail pittoresque ou simplement exact, dans tous les décors de ce vaste théâtre du monde, comme il aime à l’appeler, et dans les faits et gestes de tous ceux qui y figurent ! Non seulement il nous fait toujours le portrait physique de ses personnages, mais il tient à nous renseigner scrupuleusement sur la manière dont ils se meuvent, s’habillent, se logent et se meublent, sur ce qu’ils mangent et sur les lieux où ils fréquentent. En un mot, il applique au roman et au théâtre dans toute sa rigueur cette loi du costume que Fénelon formulait alors pour l’histoire dans sa Lettre à