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Page:Lintilhac - Lesage, 1893.djvu/184

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SA CONCEPTION DE L’ART ET DE LA VIE.

les mœurs » ; et le don Pablo du Diable boiteux a dû tant à son application qu’à son esprit d’être choisi pour recteur de l’université de Salamanque. Tous les ministres n’ont pas, comme le duc de Lerme, « introduit la filouterie dans le ministère », selon le mot de Saint-Simon sur Mazarin, et l’on peut se reposer du spectacle de tant de fripons en place, en admirant avec Asmodée le beau caractère et toutes les vertus de ce « grand juge de police », qui n’est autre que d’Argenson.

À côté de ces braves gens qui ont obtenu leurs places par leurs mérites, ou qui commandent notre estime par leur honnêteté native, il ne faut pas faire fi de ceux chez qui l’honnêteté et plusieurs autres vertus sont des fruits de l’expérience, comme Gil Blas ou même comme Scipion. On saura gré à l’écolier Leandro du « sentiment de délicatesse » qui le pousse à avouer à son futur beau-père que le sauveur de sa fiancée, ce n’est pas lui, mais le Diable. Enfin ce don Pablo, qui, après avoir déterré un sac d’argent, s’en est servi, dans sa détresse, quitte à le restituer plus tard, « faisant ce que les trois quarts et demi des humains feraient aujourd’hui, en pareil cas », nous dit encore le Diable, et qui « travailla si fort sur lui, qu’il acquit toutes les vertus d’un homme de bien », n’est pas indigne de pardon.

Toutes les filles ne sont pas si mal élevées que Mlle Lolotte, et dans Beauchêne, la fille du marquis de Ganderon suit à la lettre, sous l’œil de son père, un assez bon programme. Il arrive même que la