bonté de la nature supplée aux défauts de l’éducation, jusque chez la fille d’une comédienne ; et Lucrèce après avoir été pervertie un moment, et à grand’peine, par Laure, sa mère, entrera brusquement dans un couvent de filles pénitentes.
Enfin, comme s’il voulait achever de nous réconcilier avec l’humanité, Lesage nous présente çà et là des ménages assortis, tels que celui de don Alphonse et de la belle Séraphine, et ceux de Gil Blas, en premières et même en secondes noces. Bien plus, il y a des ménages heureux jusque dans ce Théâtre de la Foire où l’auteur se montre d’ordinaire si misogyne, témoin le Mari préféré qui corrige si délicatement l’amer pessimisme du Tableau du mariage.
Il nous semble qu’ainsi complétées et retouchées, cette conception et cette peinture de la vie ne dénigrent ni la société, ni la famille, ni l’individu, et que l’œuvre de Lesage, prise dans son ensemble, est, à la fois, le plus vaste et le plus fidèle miroir qui les eût encore reflétés chez les modernes.