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Page:Lintilhac - Lesage, 1893.djvu/205

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LESAGE.

moins si l’on en croit les mordantes comédies où l’on peut suivre les modernes incarnations de Turcaret, sous l’influence directe de son prototype, depuis Verdier, le « loup-cervier » des Aristocraties qui deviendra baron du Saint-Empire. Le Capitaliste pour tenter George, dans l’Honneur et l’Argent, lui dira :

L’argent, mon cher, l’argent, c’est la seule puissance ;
On a quelque respect encore pour la naissance,
Pour le talent fort peu, point pour la probité.


Et pour soulager son indignation, c’est à Lesage que George en appellera :

Salut, ô Turcaret ! salut, ô parasite !
Qui souris des bons mots que Turcaret débite,…
Nous comprenons l’esprit positif de l’époque….


Et devant cet esprit positif, l’autre va s’incliner, et dans la Bourse nous verrons des poètes et des journalistes évoluer autour de Turcaret pour grappiller à sa suite :

La prime a transformé Turcaret en Mécène,


y déclare le financier Simonnet. Enfin, dans les Effrontés, nous assisterons à une formidable coalition que Balzac avait prévue, mais qui eût exaspéré Lesage. L’esprit et l’argent y scellent leur alliance sous la forme du journalisme, aux dépens de qui il appartiendra, et les Paganinis du journal vont faire la parade pour les banquistes, sous les yeux naïfs de M. Gogo. « Ils achètent un journal comme nous achetions un régiment », constate d’Auberive, ce niarquis de la Tribaudière qui a fini de rire.