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Page:Lintilhac - Lesage, 1893.djvu/214

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CONCLUSION.

contemporain et, à vrai dire, l’Homère du naturalisme dont il devrait être plus souvent le modèle !

N’oublions pas en effet que s’il nous paraît aujourd’hui le plus moderne des classiques, par sa notation minutieuse des mœurs et par son tour d’esprit, il est d’abord un classique de race par la probité de tout son talent et particulièrement de son style. C’est même et surtout pour avoir manié la langue, avec autant de respect que d’aisance et de verve, jusque dans les rares excès de son réalisme, que l’auteur du Gil Blas et de Turcaret a droit à être placé parmi les grands écrivains français, dans le groupe de ces auteurs qu’il appelle « naturels », à une distance très honorable de Molière qui en est le centre. La postérité lui a assez souvent marchandé cette place, pour que nous ayons cru devoir faire ressortir ses moindres titres à l’occuper.

En sollicitant ainsi une part de l’attention du lecteur pour des opuscules d’un goût suranné ou pour d’obscures questions d’origine, et en multipliant les citations au besoin, nous visions bien moins à faire œuvre de science que de conscience. D’ailleurs l’auteur des deux chefs-d’œuvre où apparaît si clairement la valeur des menus faits pour l’histoire de l’homme moral, ne semblait-il pas commander pour celle de son esprit une exactitude minutieuse ? N’y avait-il pas là enfin un hommage à rendre à sa doctrine littéraire, et peut-être un nouveau moyen de servir sa gloire ?