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AUTOUR D’UNE AUBERGE

qu’enlever la licence cette année, c’est une injustice ; il a fait trop de lourdes dépenses. Une autre année on verra.

M. de Verneuil allait répliquer. L’Ami ne lui en donna pas le temps et pénétra dans la salle du Conseil, où la population se pressait. Chacun des Conseillers était à sa place. Rougeaud salua M. de Verneuil d’un air amical et lui dit : « Vous nous avez fait attendre, c’est mal à vous, qui avez coutume d’être si ponctuel ! »

M. de Verneuil comprit que l’on s’était joué de lui.

L’assemblée s’ouvrit. Labouteille répéta son petit boniment. M. de Verneuil réfuta ce discours avec une telle chaleur que la salle éclata en applaudissements. Un instant il eut une lueur d’espérance.

Puis on prit le vote : moments d’angoisse pour bien des cœurs. À la surprise générale, seuls M. de Verneuil et Boisleau, votèrent contre la licence. L’Ami, Prentout, se déclarèrent en sa faveur… Des voix protestèrent mais Rougeaud leva la séance.

M. de Verneuil, consterné, rentra chez lui. Le soir, il se rendit chez M. Héroux qui le reçut les yeux pleins de larmes : « Je m’y attendais », dit-il, « c’est une nouvelle épreuve »…

— Laissons faire, reprit M. de Verneuil, l’an prochain, nous aurons notre revanche !

— Que Dieu vous entende ! dit à son tour M. Héroux.