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Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/127

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CHAPITRE XIV

UNE VICTIME DE L’ALCOOL


Les jours qui suivirent la victoire de Rougeaud furent témoins de scènes inouïes jusque-là. Les bûcherons engagés au moulin de Sellier se portèrent à des excès regrettables. Quand la passion se met dans le cœur de l’homme, ce n’est pas la raison, mais c’est la bête qui mène. Les ivrognes, les débauchés, durant plusieurs jours, se mirent à insulter les honnêtes gens qui n’avaient pas craint d’appuyer M. Héroux et M. de Verneuil. On brisait les carreaux des fenêtres, on lançait des pierres sur les maisons ; on attachait des animaux morts à la porte de leurs demeures, dans le but évident de les intimider pour l’année suivante. Le Curé fut même insulté par ces gens sans vergogne. Tant il est vrai de dire que le démon rend furieux les buveurs d’alcool ; ils perdent la raison avec les sentiments délicats de la dignité et de la politesse.

Cet orage, heureusement, fut de courte durée mais fit cependant une profonde blessure au cœur si sensible de M. Héroux, qui n’eut jamais pensé que ses paroissiens se fussent portés à de tels excès. Peu à peu,