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AUTOUR D’UNE AUBERGE

tout rentra dans le calme. Ce qui n’empêcha pas Bonvin de faire d’énormes profits à en juger par le nombre de soûlards que l’on voyait chaque jour.

Le temps qui guérit les blessures et dissipe les ennuis s’écoula avec sa rapidité ordinaire. Les longs mois de l’hiver s’enfuirent à tire-d’aile, et le printemps revint avec ses jours ensoleillés donner aux humbles mortels de nouvelles espérances, et à la nature entière un renouveau de vie.

Dès les premiers jours de mai, après son déjeuner frugal, M. Héroux se rendait dans son jardin et là, pendant que les oiseaux gazouillaient dans les grands arbres, il travaillait de ses mains à l’embellissement de ce coin de terre qu’il appelait son « petit paradis terrestre ». Il aimait à converser avec ses fleurs. Celles-ci, en le voyant, semblaient le reconnaître ; elles se faisaient de jours en jours plus belles et plus odoriférantes.

Un matin pendant qu’il méditait sur les beautés de la création en contemplant les œillets fleuris et les roses épanouies, la servante vint lui annoncer, en toute hâte, que M. Boisdru le demandait au bureau : c’était, en effet, Jean-Marie Boisdru ; il réclamait son ministère pour son frère qui, disait-il, était en danger, M. Héroux prit son manteau, le sac des malades, et monta en voiture.

— Nous devons faire diligence, dit Boisdru, je