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AUTOUR D’UNE AUBERGE

— Mademoiselle, dit Marie Bonneterre, pouvez-vous me dire qui vous a appris que je me retirais ?

— Certainement, j’ai apporté avec moi la lettre que M. Rougeaud m’a adressée. La voici. Et, ce disant, elle tendit la lettre à Melle Bonneterre qui lut :


À Mademoiselle Anne Jolicœur,

Institutrice aux Trois-Saumons.

Mademoiselle,

Comme nous aurions besoin, pour la paroisse de Notre-Dame de la Pointe-aux-Foins, d’une institutrice qui sait l’anglais, les commissaires m’ont chargé de vous offrir l’école du village ; ils seront disposés de vous donner un salaire de cent cinquante piastres. Melle Bonneterre se retire cette année.

Signé : ROUGEAUD. »

Marie Bonneterre remit la lettre à Melle Jolicœur.

— C’est un mensonge de Rougeaud, dit-elle, je n’ai jamais eu l’intention de me retirer d’une carrière que j’aime… D’ailleurs, Mademoiselle, vous me dites que vous êtes pauvre, moi, je suis seule avec mon vieux père malade, et je suis son seul soutien.

En disant ces paroles, Marie éclata en sanglots.

— Que ferions-nous mon Dieu, dit-elle, pour vivre ! je ne le sais pas !

Elle continua ensuite à rapporter les plaintes que Rougeaud avait faites contre elle parce qu’elle donnait, suivant lui, trop de temps à l’enseignement du caté-