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Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/149

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AUTOUR D’UNE AUBERGE

honneur pour avoir défendu les droits de l’Église du Christ.

Voilà la liberté si vantée par Sellier, type parfait de tant d’autres, qui viennent sur nos bords, exalter les bienfaits de la libre pensée, et plaindre les Canadiens parce qu’ils sont restés attachés à leur foi.

Les discours de Sellier devaient produire sur Rougeaud des effets désastreux, c’est ce qui arrive d’ailleurs le plus souvent : à force d’entendre les mêmes chansons on finit par les apprendre.

Sur le soir, après avoir pris quelques verres d’eau-de-vie pour se donner du courage, il se dirigea vers le presbytère. M. Héroux, qui était seul, le reçut avec sa bienveillance accoutumée. Après les saluts d’usage, il lui demanda quels étaient les motifs qui le poussaient à refuser Melle Bonneterre ?

— C’est, dit-il, parce que nous voulons que nos enfants apprennent l’anglais ; mes collègues trouvent que l’enseignement de cette maîtresse laisse à désirer ; elle néglige le nécessaire pour le catéchisme. Nos écoles sont arriérées ; notre système est démodé ; de nos jours, il faut être plus pratique… M. Sellier s’y entend en fait d’éducation, et il trouve que les vieilles routines ne sont plus de mise.

M. Rougeaud, je ne suis pas surpris de vous entendre répéter ce que votre maître enseigne depuis plusieurs années. Il existe une clique de nouveaux