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Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/154

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AUTOUR D’UNE AUBERGE

« Lorsqu’elle donne l’enseignement ou simplement l’inspire, l’Église est incapable d’échapper à certains défauts connus, traditionnels, inévitables. Quoi qu’elle fasse ce n’est point l’instruction du peuple qui vient au premier rang de ses préoccupations : avant de songer à l’instruire, elle s’inquiète de le conserver sous son influence… De là, la crainte, exagérée du libre usage des livres ; de là, la place que tient le catéchisme dans la classe ; de là, enfin, les ouvrages démodés qu’on trouve parfois entre les mains des enfants.

« Certes, elles laissent une impression charmante, ces petites écoles de la campagne de Québec, avec leur apparence si française, leurs enfants aux bonnes figures normande, leurs maîtres si convenables et, dans le voisinage, leur curé si sympathique. Mais elles laissent aussi une impression d’archaïsme plutôt que de progrès. Et la chose n’est pas loin d’être impardonnable dans la jeune Amérique. »

M. Rougeaud, reprit le Curé, ne voyez-vous pas toute la perfidie de ces lignes ? Les premières sont des calomnies : l’Église s’inquiète du salut de ses chers enfants, voilà pourquoi elle veut leur apprendre tout d’abord la science principale : le catéchisme. Quoi ! suivant ces impies, pour être « à la mode moderne », il faudrait placer entre les mains de nos enfants des livres qui mettraient en danger la vertu, la morale d’un chacun ! C’est une absurdité ! Si ces apôtres de l’im-