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Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/50

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AUTOUR D’UNE AUBERGE

nécessaire. Pauvres enfants, pauvres femmes, que vous êtes à plaindre !

La paroisse de Notre-Dame de la Pointe-aux-Foins souffrait de ce mal déplorable. Que de fois, le bon M. Héroux avait tonné du haut de la chaire de vérité contre ces fléaux que des hommes mal intentionnés continuaient à vouloir propager. Ses efforts avaient été inutiles. C’était pour lui une cause de tristesse et d’ennui. Quand il voyait arriver la saison d’automne, quand il disait adieu à son jardin qui faisait ses délices, il se demandait, avec anxiété si de nouveaux malheurs ne fondraient pas sur ses paroissiens. Car, depuis un certain nombre d’années, il avait eu à déplorer plus d’un esclandre de la part des jeunes gens.

Assis auprès de son foyer, il se rappelait le temps de sa jeunesse, où ses paroissiens l’aimaient et suivaient ses conseils. Il comparaît le changement survenu en eux depuis ces jours si heureux. Alors on le voyait devenir plein de tristesse. De grosses larmes coulaient sur ses joues ridées par l’âge, les jeûnes et les insomnies. Quand il ne pouvait plus se contenir, il se jetait à genoux pour demander au divin Maître de l’aider à porter courageusement sa croix. Il ne sortait plus ; autrefois, un de ses plus agréables passe-temps, était d’aller faire une courte veillée chez l’un ou l’autre de ses paroissiens. Il n’y allait plus ; il s’apercevait que sa présence gênait plus d’un chef de famille. D’ailleurs,