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AUTOUR D’UNE AUBERGE

il se faisait plus vieux, et dans la solitude de son presbytère, il vivait au milieu d’une douce tranquillité qui lui faisait du bien. Son église, où habitait son Maître, son cabinet de travail, où se trouvaient ses amis, ses livres, son prie-Dieu, où il épanchait le trop plein de son âme dans le cœur de Jésus et de sa sainte Mère, recevaient de fréquentes visites. Il ne négligeait certes pas ses malades. Oh ! non, à toute heure du jour et de la nuit on le trouvait prêt pour porter aux moribonds les secours de son sacré ministère.

Toutefois, on le conçoit, en présence de la conduite de ses paroissiens, des menées sourdes de Sellier et de ses copains, il sentait l’abattement et le découragement envahir son âme. D’une sensibilité qu’on n’aurait pas cru rencontrer chez un homme qui avait connu les difficultés d’un ministère pénible, il compatissait avec tous ceux qui souffraient, les secourait de son mieux, les réconfortait, et d’un bon mot guérissait les blessures du cœur.

Telle avait toujours été la bonté de M. Héroux. Le soir du sermon qu’il donna à ses paroissiens il se sentit plus abattu que jamais. Ne sachant comment chasser les idées noires qui hantaient son esprit, il voulut relire, pour la centième fois peut-être, une poésie, composée par un de ses confrères dans le sacerdoce. Oh ! que cette lecture, ou plutôt, ce chant du poète, parlait à son âme endolorie ! Celui-là, disait-il,