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AUTOUR D’UNE AUBERGE

Et mon brasier pétille avec humeur.
D’un givre d’or mon vitrail se nuance :
Tout me sourit — l’hiver et l’avenir !
Ô douce fée ! ô riante espérance !
Merci ! merci ! — Laisse-moi te bénir ![1]

Lorsqu’il eut terminé cette lecture ou pour mieux dire cette méditation poétique, il pleura. Je ne désespère pas, dit-il, ô mon Dieu, non, il me semble que vous exaucerez mes prières. Mais que j’ai besoin de votre secours ! Vous le savez, les méchants font une guerre acharnée. Secourez votre serviteur ! Que je mourrais content si je voyais refleurir la piété dans cette paroisse que vous avez confiée à ma garde. J’ai été un serviteur infidèle ; ayez pitié de mes larmes, ramenez au bercail les brebis qui se perdent. Alors je pourrai fermer les yeux à la lumière en chantant avec reconnaissance mon « Nunc Dimitis ».[2]

Ces lignes nous montrent combien le prêtre qui a charge d’âmes souffre parfois, en voyant l’endurcissement de ses paroissiens. Comme un père de famille ressent les peines et les chagrins de ses enfants, le curé, lui, conscient de la lourde responsabilité qu’il a sur les épaules, devant l’inutilité de ses efforts, serait porté au

  1. L’abbé Apolinaire Gingras, — « Au foyer de mon presbytère. »
  2. Cantique du saint vieillard Siméon : « Maintenant vous pouvez laisser partir votre serviteur. »