Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
AUTOUR D’UNE AUBERGE

qu’il avait admirablement réussi.

M. de Verneuil ce jour-là ne perdit pas son temps. Il s’arrêta chez plus d’un paroissien, et reçut un accueil assez bienveillant. Les gens de ce rang, se dit-il, me paraissent bien disposés. À la bonne heure, il faut battre le fer lorsqu’il est chaud ! Passons plus loin. Il arriva, en peu de temps, chez les Boisdru. Les trois frères Boisdru possédaient les trois terres suivantes. C’étaient des cultivateurs assez à l’aise, généralement connus comme de bons paroissiens. Ils avaient chacun une nombreuse famille. Cependant sans être ivrognes ils passaient pour aimer à fêter de temps à autre. Malgré ce goût pour la boisson ils s’étaient abstenus, du moins apparemment, d’entrer dans la lutte, gardant la stricte neutralité. M. de Verneuil, qui les connaissait, crut bien faire en les visitant. Il s’arrêta chez l’aîné, Jean-Marie, père de six enfants. Il pénétra avec sa carriole dans la cour ; attacha son cheval qu’il couvrit et frappa à la porte. Boisdru lui-même vint lui ouvrir.

— Bonjour, l’ami, dit M. de Verneuil en entrant et lui tendant la main, comment va la santé ? — Assez bien, dit Boisdru ; enlevez votre paletot et approchez-vous pour vous chauffer, et ce disant, il donna un siège à M. de Verneuil qui s’approcha du poêle rempli jusqu’au faîte et qui répandait dans toute la maison une chaleur bienfaisante. Mme Boisdru, qui s’occupait des